C' est vendredi, un peu de lecture en plus pour lire au retour de la mosquée... non merde elle est fermée! suite BARCELONE
A plus de mille kilomètres de là le jour se lève sur l’autoroute. Dans le trafic intense du contournement de Barcelone un pseudo rallye 4X4 taille la route tranquillement. La capitale de la Catalogne est grise, nimbée de brouillard ou de pollution ? - je ne tolérerais aucune infraction, s’il y a un P.V c’est pour votre pomme ! Annonce Dany dans sa C.B crachotante. Pas question pour lui de subir un contrôle en Europe, les cartes grises n’y résisteraient pas, et puis les véhicules, de provenances diverses et variées supporteraient ils un matraquage mécanique sur les 5000 kilomètres qu’ils ont devant le capot ? Les 4X4 des autres aventuriers beaucoup plus classe sont rangés comme à la parade devant une cafétéria. Ils sont trop rutilants , pendant que leurs propriétaires prennent le café une des vitres d’un Mitsubishi tombe sous un coup de barre de fer donné avec précision. En trois secondes, les beaux blousons, l’appareil photo dernier cri et la sacoche des occupants s’envolent. Sans vitre, sans passeports et sans billets de bateau, l’ex flic leur conseille le repli immédiat. Le voyage se termine sur une aire de repos Catalane pour nos explorateurs Montpelliérains. La compassion du reste de la troupe n’y changera rien, c’est le triste retour à la maison et à l’année prochaine ! Pendant ce temps le « rallye » de Dany passe en rang serré sur l’autoroute.
Une belle journée commence, ils traversent des paysages agricoles, vers Valencia la mer se confond avec la couverture de centaine d’hectares de serres, ils sont dans le potager et le verger de l’Europe. Dans une dizaine d’heures ce sera l’embarquement, Algéciras puis le Maroc. La route est longue.
La fatigue se fait sentir en début d’après midi à quelques heures du but, c’est l’occasion de faire les pleins et de grignoter sur une aire . Cette fois nos aventurier de luxe ne vont pas quitter leur véhicule, ils on évalué le risque. L’éternel débat sur l’utilité de faire 1500 km avec les dangers d'agression qu’ils connaissent maintenant ou bien de prendre le bateau à Sète fait rage. -Sur le bateau au moins on est en sécurité. Affirme le toubib grand connaisseur des traversées en direction des riads du golf de Marrakech. De nouveau les kilomètres défilent, les cultures laissent progressivement la place à un paysage aride. Les maquillages des dames commencent à accuser les heures de route, les belles tenues sahariennes à se froisser. Après avoir longé les quartiers chics de Marbella ils reprennent l’ « Autovia » qui est ici la version gratuite de l’ « Autopista » et aperçoivent bientôt le rocher de Gibraltar ? Le premier but se précise.
SUD DE L’ESPAGNE
Enfin Algéciras ! Les participants au « rallye » ont pris leurs billets et attendent le prochain départ, ils font la connaissance de deux Toulousains sympa qui partent vers Dakar « livrer une BMW et Un Land Cruiser à un ami coopérant Français ». Ils feront route ensemble afin de se faire aider dans les passages de sable par les tout terrains... au cas ou. Jacquot , lui, fait la connaissance des babas-cool et de leur étrange camion-caravanne. Il s’impatiente il sait qu’il ne faut pas trop stationner sur les zone d’embarquement avec un véhicule aussi « chaud » que le sien, le gros Toyota de Choïchoï se fond mieux dans le paysage entre les rallye en et les camionnettes surchargées des Marocains allant visiter leur famille. Choïchoï fait plus couleur locale, petit râblot avec ses fringues couleur muraille. Sa queue de cheval lui donne un air cool. Sûrement qu’il est cool Choïchoï avec son dossier de RMI en béton, il bricole du 4x4 volé sur Paris. Quand la saison est mauvaise, trop chaude pour son casier judiciaire, il fait de la pièce détachée à Toulouse, Quand la police s’occupe trop de son cas il ne dédaigne pas le convoyage pour se faire oublier. Loin de son taudis des Minimes, le voyage est pour lui la vie de château. Quand l’affaire est belle il se paye parfois un super hôtel au Maroc ou il s’invente une vie d’aventurier international.
Le bateau, comme tous les bateaux, est en retard la pression monte. Dans une pagaille monstre l’embarquement est enfin annoncé.
Dany veille sur ses troupes, il sait qu’il ne faut pas se lier avec les rencontres faites sur le port. Depuis qu’il exporte de la « caisse » sur l’Afrique il a appris que rien n’est clair dans ces voyages. Il décide de faire un briefing pour mettre les choses au point - Restons ensembles, évitons les autres groupes, ce sont des touristes ils ne peuvent que nous retarder ! Et puis on sait pas si toutes leurs bagnoles sont en règle il vaut mieux les larguer ! Gonflé l’artiste ! Il a repéré tout de suite la BMW et son poisson pilote. Il à détecté qu’ils sont des sujets à risque, lui, non il a une combine en or, du moins le pense t’il.
Les 4X4 de luxe rentrent sur le port, pour eux pas de problèmes, les réservations sont faites, les billets payés à l’avance par carte de crédit. Le chef est cependant inquiet, il a tant fait de traversées qu’il connaît les risques de vol sur la zone portuaire, ça suffit avec le coup du Pajero à Barcelone. Il monopolise la liaison radio pour demander à ses ouailles de ne pas quitter leur véhicule de vue ou dans le pire des cas de bien le fermer à clé. Il s’occupera des cartes d’embarquement, personne ne doit bouger.
Gégé a l’habitude des ports, il a le flair pour détecter ceux qu’ils qualifient « rats d’égout » Sans se déplacer, il devine de suite que les petits autocollants posés sur le bas des vitres de certains 4x4 cachent en réalité l’emplacement d’un tatouage grossièrement poncé. Parfois il rêve lui aussi d’argent facile, depuis qu’il voyage il aurait pu évacuer des dizaines de « caisses » Tout compte fait sa combine est plus peinarde et avec moins de risques.
Les douaniers Espagnols font de la figuration, c’est le dernier bateau de la journée.
Sur cet hydroglisseur tout juste le temps de boire un coup et bonjour l’Afrique en 35 minutes.
Le débarquement ressemble à une évacuation d’urgence ! Ici c’est toujours l’Espagne dans la petite enclave, les douaniers Espagnols de Ceuta ne les regardent même pas débarquer. Depuis peu de temps des caméras postées discrètement sous les portiques, enregistrent les numéros d’immatriculation de tout ce qui passe, elles sont munies d’un système informatique sophistiqué de lecture des plaques qui enregistre tous les numéros et les transmets en direct au P.C d’Interpol . Plus que quelques mètres et ils passent d’une zone douteuse à un franchement plus sale qui donne l’impression de circuler dans une décharge publique. Tout est cassé, les grilles sont tordues rouillées, lampes d’éclairage public pendent au bout des fils… des relents de marée et autres odeurs fouettent les narines.
C’est la fin de leur journée, les douaniers Marocains ont l’air épuisé et posent juste une question. –Avez vous des C.B ? Ces petits émetteurs récepteurs sont interdits au Maroc. La réponse est toujours négative alors ils rétorquent avec humour –Vous n’en avez pas une, donc vous en avez au moins deux ? Et ils expédient les uns et les autres faire la queue a un guichet luisant de crasse pour y remplir des fiches d’entrée qu’ils vérifient ensuite avec des air importants où en font remplir d’autres à toutes occasions. Ça avance lentement mais ça avance… patience nous somme en Afrique. Des Marocains proposent leurs services, on ne sait pas si ce sont de policiers en civil ou des resquilleurs, souvent les deux. -Soyez sympas avec eux leur à dit le chef on ne sait jamais, ils sont tous certainement de mèche avec les fonctionnaires. La paperasse est une des choses qui s’exporte le mieux, un formulaire pour les passagers, un pour la voiture, un pour les effets transporté et enfin le sempiternel « rien à déclarer » et ouste.
Tout notre joli monde ce retrouve au Maroc en moins de deux, les pros savent bien que c’est toujours au dernier bateau de la journée que les choses se passent le mieux. La nuit tous les chats sont gris.
La nuit tombe sur le Rif, sous une petite bruine il ne fait pas bon rouler sur les routes Marocaines. Seulement quelques kilomètres et le Rallye établi son bivouac dans un bois de pins. C’est le folklore du premier soir ! Ça crie, ça râle. -Mais dans qu’elle cantine as t’on mis les lampes frontales ? Ils ne fermeront pratiquement pas l’œil de la nuit car les jappements de chien qui se répondent d’un douar à l’autre se succèdent Coté Bc Bg ce n’est pas mieux, mais plus calme, on s’observe. La fatigue des quatorze heures de conduite aide à déplier la tente de toit et à se coucher sans tarder Les babas et leur camion sont en peine forme, ils décident de rouler toute la nuit, leur camion chauffera moins. Jacquot et Choïchoï doivent passer par Tanger pour … affaire. Choïchoï avait planqué sous sa bagnole quelques fusils de chasse très prisés des Marocains. Une équipe spécialisée pille les maisons de campagne et les pseudo châteaux de la haute Garonne et du Tarn pour fournir ce marché. Le marchandage va bon train et la nuit passe à boire du « thé », en réalité du whisky, et à griller des cigarettes. Les acheteurs jouent la montre Choïchoï est intraitable. Il faudra être prudent pour se balader dans Tanger au petit jour avec une BM flambante neuve, un super 4x4 et de l’argent liquide plein les poches.
Pour tous,c’est la grisaille, il y a une brume à couper au couteau. Tout dégouline, tout est poisseux. Ceux qui ont essayé de dormir sous la tente ronchonnent : tout est trempé. Le petit déj est expédié dans un quasi silence. Les chefs de groupe motivent leurs troupes et ça roule plus tôt que prévu.
_________________ A quand le prochain départ?
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