Gardez ça pour demain dimanche! La nuit tombe, les popotes s’activent, dans cette cour des miracles, demain ce sera la course à « papiers tampons »
De l’autre coté de la route au milieu des cabanes de pécheurs en ruine un grand feu crève la nuit sur la plage. Tonio et son frère Calou ont sorti les guitares pour la soirée décontracté, demain ils savent qu’il vont souffrir, fini le goudron. Sur la piste leurs véhicules en mauvais état ne seront pas à l’aise. -Doucement, il faut y aller doucement sinon on va y laisser une ou deux bagnoles. -Et si on s’ensable ? Demande un jeune dont c’est le premier voyage. -Suis moi, ne cherches pas d’autre chemin, restes dans mes traces à au moins vingt ou trente mètres pour pouvoir prendre de l’élan et ça se passera bien. Si tu t ‘ensable tu auras mon pied au cul c’est tout. Ils attaquent un morceau des Gypsis King à en péter les guitares. Des indigènes les regardent et écoutent cette musique mêlée de hurlements. Les jeunes battent frénétiquement des mains et font les chœurs. La fièvre monte à tel point qu’on les entend du camping. Quelques curieux sortent et traversent la route. Joëlle, la pharmacienne revient radieuse. -Ce sont des gitans, c’est super, venez ! Le spectacle bat son plein, Limann sait que le moment est venu de passer à l’attaque, en un éclair il ouvre la tente de toit du toubib et se sauve avec le caméscope. Il fait pas bon de paraître riche dans ces coins la ! Jean-Mi, le toubib dormira bien, il a pris une bouteille de Whisky pour arroser la soirée gitano-flamenco. Marie, la copilote de Dany se lâche et danse ou tour du feu, la foule applaudit. Soirée de folie. Jacky le rallye-man, et le reste de la bande se gavent de bières, il persiste dans son approche de Corinne, la belle « assistante » allumeuse. La proie paraît enfin à portée car le « titulaire » roupille déjà. A force de raconter sa vie, ça lui a donné soif, il s’est défoncé au pastis. Les Gomez n’en peuvent plus, comment faire, jamais ils n’ont eu un tel public ! -Une autre, une autre ! Tout le répertoire y passe c’est la consécration !
Sur la presqu’île, ouverte à tous les vents la température baisse et chacun regagne son campement. Le toubib ne s’aperçoit même pas que sa caméra s’est envolée. Tout le monde à sommeil et le calme revient sur le camping. Seule Florence continue à lire à la lueur de sa lampe tempête. Sur la plage au tour du feu faiblissant il ne reste que Tonio, Calou, le rallye-man , Corinne et Christian qui a flairé le coup et s’amuse de l’attaque du jeune coq ! A quarante ans elle en paraît moins de trente. Corinne est ce que l’on appelle une jolie fille, ça n’a pas toujours été rose dans sa vie. Elle trouve tout le monde sympa, son physique de Lolita fait le reste. Le charmeur, lui raconte sa vie, son boulot et la routine, il vient ici pour se changer les idées avec ses copains, le Paris Dakar c’est trop cher ! Voyager avec Dany coûte bien moins, l’aventure est plus authentique ... Ce serait mieux si le flic partait se coucher, mais non il s’incruste. Le joli cœur prend discrètement l’initiative il caresse la main de Corinne. Elle ne bronche pas. L’affaire est bien engagée ce n’est plus qu’une question de temps. Un minuscule croissant de lune scintille sur le clapot de la baie du Rio de Oro… Un éclair à l'horizon déchire la nuit saharienne ou est ce Cupidon qui décroche une flèche?
Le camping Maous’fi s’anime sous un joli soleil, on est bien ici, il fait si froid en France. Il faut vite déjeuner pour commencer la corvée des formalités de sortie du Maroc. Il n’y a pas de poste frontière plus au sud, juste une garnison à Guerguerat à plus de 400 km de piste.
A la gendarmerie militaire il faut remplir des fiches de renseignements. C’est bien organisé et bon enfant. Ils reçoivent leur « clients » par paquet de dix, leurs locaux sont équipés un ancien bureau d’école en bois avec le banc attenant. Un des routiers crée l’ambiance, il se coince avec son gros bide entre la table et le dossier. On rigole un bon coup. Un inspecteur recopie le renseignement sur un registre avec application et lenteur. La queue est longue devant la grille en attendant son tour. A la Police un couloir sordide,gris de crasse, mène aux différents bureaux, ici c’est moins convivial. Chacun subit un interrogatoire en règle : Nom. Prénom, et celui du père et de la mère. Motif du voyage. Date du dernier passage s’il y a lieu. Et ça recommence, le registre à remplir dans une pièce ou la fumée des cigarettes couvre l’odeur de transpiration. Les Policiers ont un mépris profond de tous ces convoyeurs, ils les traitent comme des moins que rien. Ils les laissent mariner dans un bureau de longues minutes pendant qu’ils discutent, fument et boivent le thé dans la pièce voisine. En Afrique tout ce qui porte képi est investi d’un pouvoir quasiment illimité, on subit et on se tait. Inutile de montrer de l’agacement, c’est exactement ce qu’ils attendent pour pousser le contrôle un peu plus loin et trouver à coup sûr un numéro illisible ou un document incomplet. Ils peuvent ainsi feuilleter et relire un passeport jusqu’au moment ou le voyageur craque et propose un petit cadeau. Ce n’est pas de la corruption, c’est de l’amitié. Ce n’est pas du bakchich, c’est un souvenir. Le contrôle terminé les passeports restent sur place dans les mains des policiers.
Quand on sait qu’il faut encore retourner aux Douanes à la sortie de la ville remplir la fiche du véhicule c’est désespérant. Même attente, mêmes formulaires, mêmes pressions, mêmes cadeaux. Les cartes grises sont conservées par la douane.
Il ne reste que peu de temps pour aller faire les courses. On trouve de tout à Dakhla du carburant, des fruit et légumes, du pain des conserves et du poisson. Il faut prévoir l’intendance pour vingt quatre heures avant de rejoindre Nouadhibou ou par contre il n’y pas grand chose dans les commerces.
Sous les parasols, à la terrasse du restaurant Samarcande, le plus chic du pays, les passeports et les cartes grises changent de main. Une pincée de billets aussi. Dany a fait un bon coup, il a encaissé plus d’une brique et ne reverse que 5000fr pour la prestation. Cinq mille francs c’est le salaire de dix mois, c’est une grosse opération. Quand on sait qu’elles à lieu une où deux fois par semaine on comprend pourquoi les fonctionnaires en poste, loin de tout, supportent mieux leur séjour ici.
Le circuit administratif est terminé, c’est l’heure de l’apéro du soir, une occupation pour tromper l’ennui. Florence, l'intello parisienne déjantée se lie avec les VIP du groupe de Dany. Elle explique qu’elle est là depuis une semaine pour apprécier l’ambiance surréaliste de ce passage de frontière à l’Africaine. Elle est vaguement pigiste pour un hebdo et espère bien y publier quelques lignes sur ce sujet. Dans son innocence elle dégaine son appareil photo, c’est l’hallali, les pros s’interposent immédiatement devant leurs véhicules en prenant bien soin d’en cacher l’immatriculation. La plupart tournent le tête, ils n’ont pas envie d’être en photo sur le prochain VSD. Florence se rend compte du malaise et finit par poser les pieds sur terre et rengaine son arme.
Ce soir pas de folies, chacun révise sont véhicule, demain c’est du sérieux.
Les convois quittent Dakhla tous les Mardis et Vendredis vers 10 heures, inch Allah. C’est à dire jamais avant midi… Uns seul véhicule militaire taille la piste en direction d’El Argoub, la base de la marine Royale, premier contrôle, rien à contrôler puisque tous les papiers et les passeports sont dans le véhicule des militaires ! C’est comme ça, il faut contrôler quand même. Une trace balisée de cairns relie El Argoub à Guerguerat à trois cent kilomètres de là via le petit fort que les militaires persistent à appeler Bir Gandouz du nom de l’ancien poste distant à soixante et dix kilomètres. Les distances n’ont pas importance dans l’immensité Saharienne, les noms et lieux dits sont souvent imprécis. Le paysage est lunaire, des roches déchiquetées, des trous et des bosses donnent un aspect d’après bombardement. Il faut traverser quelques de passages sablonneux mais surtout de la caillasse qui entaille les pneus, déjà fatigué, des 504 et autres Mercedes. Les crevaisons sont fréquentes on répare au milieu de la piste en bloquant tout le monde. Personne n’ose sortir de la trace. On dit les abords de cette piste minés. Quelques carcasses mutilées sont là pour le rappeler. Ça roule à trente à l’heure, les rallye-men piaffent d’impatience, pour leurs premiers kilomètres de piste la moyenne n’est pas très glorieuse ! Enfin au coucher du soleil, au creux d’une petite dépression voici le sinistre fortin Guerguerat !
GUERGUERAT
Le long de la piste, au pied du fort en pierres sèches, délimité par deux bornes et deux cairns un terrain jonché d’ordures et de flaques d’huile sert de parking, bivouac, lieu d’aisance… C’est ici qu’il faut passer la nuit. C’est l’horreur, ceux qui dorment sous la tente essayent de nettoyer quelques mètres carré pour s’installer. Beaucoup dormiront dans leur voiture. Le repas du soir est vite bâclé dans ce décor de décharge publique. Seuls nos VIP s’immunisent au Whisky contre d’hypothétiques maladies qui séviraient dans la région. Le toubib cherche toujours son caméscope. Florence prend des notes et une fois de plus fait une gaffe. Elle monte sur une borne pour prendre une photo. Pas le temps un militaire descend du fort et lui fonce dessus, saisi l’appareil et confisque. Elle veut voir le commandant… Elle aura gain de cause après s’être confondue en excuses. Elle vient d’apprendre que sur ce continent partout ou il y a un uniforme ou une guérite c’est zone militaire: Photo interdite étant donné l'importance stratégique des gourbis militaires. Le départ est prévu pour huit heures, tout le monde sera levé bien avant, l’endroit ne se prête pas à un une halte prolongé.
A huit heures précises, bye bye Maroc ! Un militaire ouvre la barrière et remet le sac poubelle contenant tous les passeport et cartes grises au premier venu, ça tombe sur Jacquot. Il réalise tout ce qu’il pourrait gagner en refourguant tous ces papiers en France mais vu la composition du convoi l’expérience serait risquée, il n’y a pas beaucoup d’enfant de cœur dans ce milieu. Un habitué en 504 a pris la tête de la colonne, la piste est composée de traces multiple et plus ou moins parallèles. Tous suivent dans le sillage, personne ne prend le risque de sauter sur une mine. Au milieu du no man’s land de quatre kilomètres entre les deux pays, à une intersection les « importateurs » Mauritaniens en boubou attendent leurs commandes. Les chauffeurs récupèrent leur sac et leur argent et abandonnent leur véhicules Ils s’entassent tant bien que mal chez ceux qui peuvent les transporter. Leurs voitures rentreront en Mauritanie un peu plus à l’Est du coté de Bôu-Lanois ou l’endroit n’est pas surveillé. Il aura des cartes grises de reste à Nouadhibou…. Les convoyeurs iront seulement chercher leurs passeports au commissariat moyennant bakchich, et les faire viser aux douanes Mauritaniennes dans les baraquements infâmes non loin de la gare. Il ne leur restera plus qu’à attendre un vol d’Air Afrique ou d’Ibéria pour rentrer en Europe. Les purs et durs peuvent rentrer en bateau en passant par Las Palmas.
Le poste Mauritanien est en vue, c’est une construction en pierre sèche, style garenne à lapins. Le sac poubelle contenant les document de tout le convoi est transmit à cette puissante administration et Jacquot se trouve promu chauffeur du militaire Mauritanien qui maintenant dirige le convoi. Une cuvette bien ensablé l’attend au démarrage il y plante la BM, il n’a pas besoin de demander de l’aide. Spontanément Choïchoï le remorque. La berline allemande va maintenant vieillir de plusieurs années sur les soixante kilomètres qui relient le clapier à Nouadhibou, elle ne sera pas la seule blessée sur ce terrain infect, cette piste est décharnée et même les 4x4 y laissent des morceaux. Cette pénible journée est déjà bien avancée quand le convoi atteint le PK 55. Il ont rejoint la voie ferrée Nouadhibou /Zouerate sur laquelle circule deux à trois fois par jour le plus lourd train minéralier du monde. Plus que quelques minutes et les voici au poste de gendarmerie de Basrah, un premier contrôle est effectué. Il va falloir maintenant s’habituer à ne rencontrer dans ce coin que des gens armés le doigt sur la gâchette. Le sac poubelle est vidé par terre et on fait l’inventaire des passeports. Chacun est prié de répondre à l’appel de son nom. Ça dure un temps infini, à cause de la lecture hésitante et de la prononciation des noms à la Mauritanienne. Entre l’appel du patronyme, sa compréhension et la réponse de l’intéressé il se passe parfois de longs silences. Le gendarme hurle. -Monsieur Carriol ! -Carriol Bernard ! Personne ne bouge, puis enfin c’est B. Cayrol qui se présente ! On ne sait pas si le compte est bon au bout de deux heures le convoi redémarre. Ils arrivent au « Bouchon ». Le lieu dit Bouchon de mines est certainement l’endroit dont se souviendra toute sa vie le voyageur qui passe par là. C’est un enclos coincé entre la baie de l’étoile et les rails, délimité par des traverses de chemin de fer métalliques plantées dans le sol. Tout le tour à terre se sont des herses faites des mêmes matériaux mais dont le métal à été défoncé et pointé verticalement comme une planche de fakir. Deux baraques en ruine abritent Police, Douanes et Militaires. Une fouille TOTALE des véhicules vas avoir lieu, sauf pour ceux qui ont un contact sur place et prévu le budget Bakchich. Ils ont de l’appétit les militaires et policier Mauritaniens, on ne les amuse pas avec de la menu monnaie ou une bière. Les saisies et amendes pleuvent. Les armes en bandoulière pointées sur leur interlocuteur maintiennent un climat d’une tension extrême. Tous les arguments sont bons pour trouver un prétexte de pillage et de rançon. -Pourquoi avez vous deux roues de secours ? L’explication quelle quelle soit aboutira à une confiscation. -Avez vous rempli votre déclaration de devises ? Sortez votre argent ! Et c’est la vérification y compris par fouille à corps. Discrètement avec un clin d’œil, le rallye-man jolie cœur propose à Corinne de la fouiller. Son compagnon très occupé, donne une conférence sur le « Dakar » comme dab!
Pour eux qui sont pourtant des fonctionnaires voyous, des bandits en uniformes et qui roulent sur l’or de leurs malversations, la surprise est toujours de taille. Si les convoyeurs-routards n’ont pas d’argent, par contre les vrais touristes, ceux qui ont les super 4x4 sont des banques ambulantes. Les sommes contrôlées atteignent des dizaine d’année de salaire honnête donc au moins quelque mois de pillage. Les déclarations de devises leur font tourner la tête, les Africains ne se demandent comment font ses gens pour avoir des voitures pareilles et autant d’argent sur eux. Le contrôle des changes leur révèle un autre monde, ils ne réalisent pas, ne comprennent pas et ça aiguise leur appétit. Si il savaient, les malheureux, que leurs dirigeants circulent avec des valises contenant des sommes des centaines de fois plus importantes, mais dans le sens: sud/nord ! De leur palais aux banques de Genève, d'Andore, de Monaco, et vers les Iles Caïman, les Bahamas ou l’argent n’a pas d’odeur. En général on nous parle de l’argent noir de l’Afrique… du bout des lèvres. Ici ce n’est pas un tabou, si vous ne vous le donnez pas on vous le prends sous forme de taxes imaginaires ou de rémunération d’un guide sois disant obligatoire ou tout autre motif. Tout est compté, les billets Marocains confisqué, malheur à celui qui ne rentre pas dans leur système ou fait mine de résister, il sera retenu plus longtemps. Parfois c’est la faute, dans leur frénésie ils tentent de sous-tirer de l’argent à des gens qui n’en ont pas, ça frise la bavure et finira un jour par provoquer la fin de la combine ou de graves incidents. C’est avec soulagement que l’on quitte Bouchon, ceux qui prétendent le contraire avouent qu’ils ont payé. Le proverbe Ivoirien, pourtant loin de sa source, n’a jamais été aussi vrai : « Voler blanc n’est pas voler » c’est la devise du Bouchon aussi. Des états de non droit aux fonctionnaires corrompus il y en a partout, l’Afrique est cependant un cas d’école. Pour les habitués le sujet est délicat, ils n’en parle qu’a mots couverts, ils ont l’habitude de payer leur tranquillité… on s’habitue à tout, chacun se figure avoir un meilleur passe droit que les autres et se tait. Tonio est fataliste il sait que de toute façons tous ces objets et ces quelques pourboires qu’il donne sont des leurres. Pour lui le vrai bizness c’est les papiers permettant l’immigration et accessoirement pour lui, la vente des voitures. Finalement il s’en sort avec un caméscope. Calou est contrarié, ces Mauritaniens sont des catastrophes. -Il était neuf celui là, même dans son emballage depuis sa « tombée de camion » -Il ne faut plus rien transporter qui est l’air neuf, on se fait farcir à tous les coups ! Il enrage, mais obtient le geste dédaigneux du militaire qui lui signifie qu’il peut enfin circuler.
Les fouilles s’éternisent, les « rats d’égouts » en épaves roulantes rigolent … ils savent comment ça va finir, ils sont venu pour se défouler et ont des projets musclés. Demain il ferra jour… et il faudra repasser le Bouchon dans l’autre sens pour ressortir de la nasse de Nouadhibou.
NOUADHIBOU
Le calvaire des pneus et des suspensions n’est pas fini, encore quelques kilomètres pour rentrer dans un sordide bidonville bordé d’immondices qui annonce la proximité de la grande ville. L’entrée de l’ancien « Port Etienne » surprend le visiteur, il n’en croit pas ses yeux, des Renault 12 Taxis, peintes en vert par une technique inconnue de nos peintres et carrossiers, crachant la rouille, sans vitres, avec des roues que l’on soupçonne d’être carrées, encadrent les premier libérés du bouchon. Il y a aussi « Jacques » avec sa 4L blanche qui prend des risques de grand prix de F1 pour coller le plus possible à la proie qu’il a sélectionné: Les station wagons du groupe chic. Jacques est un malin, ainsi surnommé en mémoire de la récente visite du président Jacques Chirac pendant laquelle il a su se faire remarquer, il a inventé réceptif touristique. Il répugne à se mélanger avec le monde des trafiquants d’automobiles et préfère la prestation de service ou tout est dans le baratin et la gentille arnaque. Entre autres obligations, l’entrée en Mauritanie est soumise à quelques petits suppléments officiels et officieux. Jacques connaît bien sûr les meilleurs guides, sois disant obligatoires, pour traverser le banc d’Arguin en direction du sud. Il connaît le chef de gare de la SNIM qui chargera, en priorité, votre voiture sur le train pour éviter les dunes gigantesques qui sont sensées barrer votre passage en direction de l’Est vers Atar. Il connaît le meilleur assureur de la ville et au meilleur prix, le meilleur camping, restaurant, garagiste… Il s’occupera pour vous de la taxe de traversée du parc national du banc d’Arguin, de savoir à partir de quelle heure vous pouvez récupérer votre passeport et la carte grise de votre voiture. Il peut vous réserver un hôtel à Nouakchott de même qu’à Atar. Vous y dormirez grâce à sa recommandation dans la chambre de l’hôtel que Pierre Messmer avait fait construire dans cette ville pour la visite du Général de Gaulle dans les années soixante. Un vrai livre d’histoire ! Reposez vous pendant qu’il effectue le change des devises à votre place où qu’il calcule la marée. Jacques, le baratineur sait se rendre in dis pen sable et finalement coûte moins cher que de se faire truander par la faune de mendiants qui ne tourne au tour du convoi.
C’est avec soulagement que tous s’entassent enfin dans le camping d’Ali.
Ali, le Stéphanois, est un petit seigneur local, il a ses rabatteurs qui ont prêché la bonne parole et qui ont su récupérer suffisamment de monde pour bourrer la petite cour qui sert de camping-refuge. Sortant de deux jours de harcèlement intensif tous ne pensent qu’à se poser et reposer au calme dans un lieu clos. C’est justement ce que propose Ali. Murs de quatre mètres de haut, portail fermé dans la seconde qui suit l’entrée d’un véhicule, accès réservé à de rares colporteurs trié sur le volet et nec plus ultra : douches propres avec de eau chaude. Seuls les cris du muezzin voisin troublent cette tranquillité. Sur sa demande un assureur se déplace pour vous établir l’attestation responsabilité civile obligatoire pour circuler en Mauritanie et pour le change officiel ou officieux le banquier vient à vous, c’est un cinq étoiles !
Avant la nuit il faut aller voir le cimetière des bateaux. La baie de Cansado sert de dépotoir aux armateurs qui n’ont pas envie de payer une dépollution et la démolition de leurs cargos épaves. Les vielles coques crachant la rouille et le fuel finissent ici échouée ou à demi immergées en attendant que le temps fasse son œuvre, il y en a certainement pour des siècles. Des organismes bien pensants s’insurgent contre cette pollution et régulièrement les caméras de télévision révèlent au monde entier ce sinistre tableau. Une émission spéciale à été consacrée au sujet par Thalassa, on y voyait quatre « démolisseurs » équipés d’un vétuste chalumeau découpant les tôles d’une carcasse de navire… ça à dû durer uniquement le temps de la prise de vue car depuis dix ans rien n’a bougé ! Le gouvernement Mauritanien essaye de revendre le bébé aux ferrailleurs Indous sans succès, les épaves ne sont plus en état d’être remorquées, leur démontage est trop technique. Le stock augmente à chaque tempête.
Nouadhibou bye night est une curiosité, dans ce décor de misère, de taudis et de bidonville infâme, il y a de nombreux restaurants ou l’on déguste de la langouste verte, produit local, avec des sauces fortes en goûts et odeurs qui cachent parfois le manque de fraîcheur et la piètre qualité du produit. Si vous vous sentez une âme de Don Juan des pistes, et que votre trousse de pharmacie est bien garnie, rien de plus facile: Aimez l’Afrique elle vous attends !
Le circuit administratif est aussi complexe que celui de sortie du Maroc, il faut se présenter à la Police pour récupérer votre passeport et établir un visa. Le visa est délivré sur place à un tarif indéterminé, c’est en fonction de l’heure et de l’importance du convoi. Aux douanes il faut faire inscrire sur le passeport l’entrée du véhicule et signer une attestation sur l’honneur de réexporter ce dernier au terme de votre voyage. Moyennant un petit billet bien placé il se peut que le douanier oublie d’annoter l’entrée du véhicule ça peut arriver à tout le monde d’oublier…Ce qui vous permettra de le vendre en Mauritanie sans être inquiété au contrôle à la sortie du pays. En principe pour les pros ou ceux qui « arrosent » le plus, en deux heures tout est fini. Les contrôleurs du Bouchon, en fins psychologues, comprennent que les premiers à ressortir de la ville sont ceux qui donnent le plus, il faut un mélange de générosité et de diplomatie pour passer rapidement. Mais le roumi n’est pas toujours bon client et parfois belliqueux !
Dany et ses combines croit faire partie du peloton de tête, mais les desperados des 504 et Mercedes sont passés hélas avant lui. Quand il approche de Bouchon rien ne bouge, Dany comprend qu’il y a un imprévu. Un militaire sans armes, uniforme en lambeaux, approche titubant. Son visage est en sang, il ne peut pratiquement plus parler avec ses lèvres en bouillie. Mauvaise pioche, il valait mieux rester un peu plus longtemps en ville. Ceux qui chez nous seraient qualifiés de trafiquants ou de petits voleurs de voiture on réglé leur comptes. Les militaires se sont faits trop pressants pour qu’ils leur abandonnent en cadeau une des Peugeot. Ils se sont heurtés une horde de jeunes gars d’une vingtaine d’années, prêts à tout. Les quatre rançonneurs sont mal tombés, avec leurs vieux pistolets mitrailleurs ils n’ont impressionné personne, ils se sont fait surprendre, violemment désarmer et rouer de coups. Un vrai massacre il y a des bras cassés et des visages tuméfiés. Le militaire reprend de l’autorité : Il voudrait que Dany fasse de la place dans ses voitures pour retourner et emmener les blessés à Nouadhibou. Vu l’état dans lequel ils sont Dany établie une stratégie de crise, il ferme sa vitre prend sa C.B et annonce : -Attention à tous, silence total, écoutez moi bien : un imprévu nous oblige à réagir vite et bien ! Mettez tous vos moteurs en marche et démarrons en trombe, les explications seront pour plus tard, GO ! Ont ils à peine commencé à démarrer que Gégé entre dans les parc à bestiaux. Il a vu la manœuvre et exécute le même sans réfléchir une seconde, il hurle dans sa VHF -Ne vous arrêtez pas ! Danger, Foncez ! Ne cherchez pas à comprendre ! Panique ? Analyse super rapide de la situation ? Instinct ? Peu importe il a senti que c’était la solution adaptée à une situation inconnue, imprévue donc dangereuse. Un vrai commando ces Montpelliérains quand la trouille les prend, ils en font tant qu’ils sont obligé de lever le pied pour ne pas dépasser les 4X4 de compétition ! Décidément ils vont avoir des choses à raconter ce soir au bivouac et surtout au retour. L’excitation est à son comble, ça roule, surtout trop vite le long de cette voie ferrée. Dans les voitures, les cantines et les sacs mal arrimés, valsent dans tous les sens. -Maintenant on lève le pied, qui est la dernière voiture ? -C’est moi, annonce Jean Mi mais il y a le petit Toy blanc de Florence qui me colle au fesses ! Chez Dany le dialogue est identique, sauf que lui, étant l’instigateur du forcing commence à expliquer, à la C.B, la situation à ses compagnons de Rallye. -Tout le monde est bien passé ? Pendant ce temps à la CB. -Les flics se sont fait « démonter » par les mecs des 504, ce n’est pas la première fois, mais qu’ils leur ai piqué leurs armes, là ils ont fait fort ! A PK 65 il décide de s’arrêter car il a vu que la colonne qui le suit était beaucoup plus importante qu’il n’en faut. Il stoppe, Gégé remonte la file : -Qui c’est qui a démoli les flics ? -Certainement les gars de 504, j’avais entendu des plaisanteries sans équivoque à l’aller. -Tu fais quoi maintenant ? -Je descends vers le puits de Morzouba pour y bivouaquer cette nuit et surtout pour laisser passer pas mal de voiture devant nous. Vu cet incident, il risque d’y avoir un comité d’accueil à la sortie de la plage à Nouakchott il vaut mieux attendre, et toi ? -Je modifie mon cap, je vais passer par Atar, ça change mon plan mais je ne veux pas prendre le risque de me faire emmerder. -Et si on la leur joué par la bande ? Passons par Nouamghar, on se fait la plage tranquille et avant Coppolani ou Tanit on file sur Bénichab, je connais plusieurs pistes. Ensuite nous rentrons dans Nouakchott par la route d’Akjoujt. Dany opine en silence, ce Gégé à l’air de bien connaître le terrain.
-J’ai mieux pour la suite, ajoute Gégé : de la route d’Akjoujt il y a une coupe qui rejoint la « Route de l’espoir » quelques kilomètres à l’Est de la ville, et là c’est royal personne ne nous attendra de ce coté. -OK je te suis. Dany pour une fois perd ses galons de chef, il a trouvé son maître.
Tout le monde sera content, ils voulaient rouler sur la plage, ils vont avoir, quand même, la plage comme prévu ou presque.
Morzouba et son cabanon sur le promontoire se profilent, tout le monde est bien content d’atteindre ce puits. Un puits dans le désert c’est magique, on y retrouve tout ce qui vit dans le coin.
Florence prend une initiative : -Qui vient avec moi chercher du bois ? Il y a des acacias pas très loin. Les volontaires affluent, les événements de la journée ont soudé les groupes, le piment de l’aventure les motive. Jean Mi, le toubib, aidé du fils du pharmacien ouvre un dispensaire. Michel et Christian dont les bagages étaient mal sanglé, ont pris leur chargement sur la tête tellement qu’ils ont roulé vite. La trouille qu’ils on eu au Bouchon leur avait donné des ailes. Ils ont tout deux de belles bosses et l’un a même une petite entaille au cuir chevelu qui a saigné. Vite une photo ! Les trois filles reviennent triomphales en traînant un gros fagot de branches au bout d’une sangle derrière le petit Toy. -On se fait un super feu ! Beau bivouac prés de ce puits au milieu de nulle part. Chacun a pris ses marques et trouve enfin ses affaires sans vider complètement sa voiture. Ils deviennent efficaces, les tentes sont montées rapidement et ils peuvent attaquer l’apéro. Pour Bernard, pas la peine il en est déjà au troisième pastis et commence à donner de la voix. Il a le pastis guai ce soir, il chante du Lama et raconte des blagues après avoir téléphoné par satellite à sa secrétaire, bizness oblige.
Les deux clans ont totalement fusionné, malgré les différences de standing tout le monde se tutoie, c’est la magie du désert. Loin des repères et des clivages habituels les comportements relationnels changent. Le maçon en rallye est attablé avec les pharmaciens les plus snob. Michel montre des tours de cartes à grand renfort de canette de bière. Marie d’habitude si discrète se lance dans une grande explication sur le mode de vie des femmes Mauritaniennes. Les garçons l’écoutent bouche bée. Elle raconte qu’elle est restée quelques jours avec les habitants d’un petit hameau à coté de Chinguetti pendant son dernier voyage il y a peu de temps. Dany avait une voiture en panne et elle a mis à profit cette immobilisation pour vivre avec les femmes d’un campement. Florence n’en perd pas un mot, c’est bon pour son article, passionnant. Les rally-men les plus techniques laissent tomber leurs discussions sur le cambouis et la ferraille. Marie explique, elle a eu la chance de rencontrer une famille issue d’une « grande tente » C’est ainsi que l’on nomme ici la classe aisée. Ce sont des maures, des Beïdanes d’Atar, l’ancienne capitale du pays. Toute leur famille vit en communauté en ville dans une immense maison, avec une ou deux esclaves importées du Maroc ou Sénégal. L’esclavage en Mauritanie est un sujet tabou mais hélas une triste réalité. Tous possèdent également une résidence à Nouadhibou pour fuir la fournaise de l’Adrar à la saison chaude. Le week-end Mauritanien commence le jeudi à midi, ils ferment leurs commerces et viennent passer une nuit sous les khaïma du campement ou ils rejoignent les gardiens de leurs troupeaux qui nomadisent dans la région. Ces escapades champêtres donnent lieu à des soirées de palabres et de fêtes. Une des filles de la « tribu » parle étrangement un français sans accent et sert d’interprète aux autres qui ne parlent que le Hassania. Quand Marie raconte avec passion la vie des ces femmes, elle en a les larmes aux yeux. Dany ne l’a jamais vu dans cet état ! Elle n’est pas la seule, la plupart sont déstabilisées par cette entrée mouvementée dans le pays. Ils ne s’attendaient pas à autant de pression et de violence pour le passage de la frontière et l’agression subie par les Policiers les a tous choqué. -Mais qu’est ce que c’est que ce pays ou rien de fonctionne régulièrement ? -Tout est sujet à combine et rien ne se fait dans les normes. -Si chez nous les fonctionnaires ripoux prenaient une bonne valse de temps en temps… épilogue Jack le mécano. Il pense aux boites de chocolats et aux bouteilles de Champagne qu’il se sent obligé d’offrir pour accélérer certains dossier à la sous-préfecture entre autres. Déd et Richard en rigolent et concluent qu’ils ne vont pas rencontrer les Mauritaniens sur un terrain de rugby avant longtemps, chacun son délire ! -C’est le Far-West, comme dans tous les pays pauvres depuis quinze ans ils ont la télévision partout, ils reçoivent par leurs paraboles, des image du monde entier, explique le flic. Ça leur fait tourner la tête, soit ils restent chez eux à garder des chèvres et des dromadaires, soit ils sont fonctionnaires investis de pouvoirs exorbitants. Les autres ne cherchent que l'occasion d’émigrer vers ces pays de rêve ou ils croient que l’argent facile coule à flot. Ces pays ou des filles blondes et court vêtues se déplacent en rollers sur des avenues bordée de palmiers... sans dattes, les rendent fous. Ces pays ou des voitures de sport rutilantes déposent de play-boys aux portes des palaces.
Les Gomez et Jacquou n’ont pas se genre de préoccupations, ils sont tous bloqué au Bouchon et encerclé par des renforts de militaires très nerveux. Les camionneurs ont beau essayé d’expliquer qu’ils n’ont rien vu, qu’ils étaient encore en ville quand l’agression a eu lieu, rien n’y fait. Ce n’est pas le moment d’élever le ton, la tension au maximum, l’agressivité des soldats est de plus en plus pesante. Jacquot croyait bien faire en laissant partir les quatre-quatreux les premiers, il le regrette amèrement. Choïchoï fataliste en profite pour se trouver une parenté lointaine avec Tonio. Ils parlent en Catalan ce qui irrite tout le monde surtout Jacquot qui est exclu des débats généalogiques. -Putain on est là jusqu'à quand ? Le gitan fataliste le calme. -Faut pas bouger, mon gars, on est victime d’une sale embrouille. Ils risquent en effet d’attendre encore longtemps. Coté Mauritanien on ne sait même pas qui à donné l’ordre les bloquer tous au Bouchon. C’est inquiétant car personne ne prend l’initiative de laisser partir tous ces gens qui sont pourtant en règle. Arrive en trombe un véhicule de Police brinquebalant : -Je suis le commissaire, vous ne pourrez pas partir tant que nous n’avons pas retrouvé les armes dérobée à mes hommes, ça pourrait être dangereux pour tous. Ben on est pas dans la merde crache un camionneur. Pouvons nous revenir en ville, au camping ? J’ai dit personne ne bouge ! Il vont rester là à camper dans ce terrain vague, encadré par des hommes en armes menaçants. Ils sont furieux les Mauritaniens, ils ont l’habitude de tondre tout le monde et que tout le monde s’écrase. Ils ont tombé sur plus voyous qu’eux !
Le long de la voie ferrée à plus de cent kilomètres à l’Est dans les premiers bancs de sable, les hooligans convoyeurs fêtent leur victoire et leurs premiers ensablements. Les tatouages brillent sous la sueur et les éclaboussures de bière. Chacun revendique la paternité du plus beau coup de poing et de la plus belle giclée de sang. Ils se gargarisent de leur exploit en oubliant qu’ils étaient quinze contre quatre. Demain le long des rails une grosse journée de sable les attend. Pour éviter les zones infranchissables par des berlines la tactique consiste à monter sur le ballast de la voie ferrée pour circuler à cheval sur un rail. Si la solution est bonne pour éviter le sable elle l’est beaucoup moins pour la durée de vie des pneus. Les abords de la voie sont jonchés de milliers d’éclat de métal car sous la charge de l’engin roulant le plus lourd du monde, les rails s’épluchent en projettent des sortes de flèches acérées de toutes dimensions. Les habitués se font une raison, ils ont des pneus de rechange qui sont des déchets mais qui conviennent parfaitement à cet usage. Les crevaisons fréquentes permettent de laisser refroidir les vielles Peugeot le temps des réparations copieusement arrosées de bière tiède.
Au Bouchon le temps commence à devenir long et les nerfs lâchent. Un camion de chantier de la SNIM rentrant de son travail sur la voie, arrive dans le « parc » de Bouchon, le chauffeur s’adresse directement au chef des militaires, il a trouvé des armes jetées sur la piste à PK 40. Plein de bonnes intentions il retourne les chercher dans la cabine de son engin, mais il tend maladroitement un pistolet automatique à l’un des bidasse ce qui lui vaut un coup de crosse en pleine poitrine, le gars s’effondre. Les Mauritaniens ne se font pas de cadeaux ! Haute Tension dans un grand silence. Sans prévenir Tonio à une drôle d’idée : il démarre son moteur. Dans la seconde qui suit les deux poids lourds se mettent en marche et démarrent sans crier gare, les militaires ne bronchent pas, peut être que l'ordre donné leur a échappé... ? En cinq minutes le Bouchon se vide et la vie reprend comme si rien ne c’était passé.
Les voilà à nouveau sur ce tronçon de piste défoncée avec la roche tranchante comme revêtement, il faut rouler molo. Les intervalles entre les véhicules commencent à se creuser. Les babas cool avec leur camion caravane ont décidé de faire équipe avec les archéologues pillards. Ils doivent encore échanger quelques bonnes adresses de « fournisseur » Marocains. Ils ont du coté de Biarritz, un fournisseur d’herbe extraordinaire, le choix la qualité et le sérieux du vendeur ! Mais ils font quand même des provisions au Maroc pour la durée du voyage. La BMW et le gros Land Cruiser font bande à part. -Bougeons nous pour essayer d’arriver à Nouakchott les premiers, on tente le tout pour le tout. -Si on roule une partie de la nuit on pourra arriver aux dunes de l’Azefal et au premier planton on se pose.
MORZOUBA
Au puits de Morzouba la soirée se passe sous un beau ciel de désert le charme est seulement rompue par la sonnerie incongrue du téléphone Inmarsat. Le ciel est rarement clair en Mauritanie à cause des violents vents de sable qui balayent cette partie de côte Ouest. Quand ce n’est pas le vent c’est la brume qui occulte la visibilité. Ce soir c’est exceptionnel, le toit du Sahara est magique, c’est un émerveillement pour nous qui n’en voyons qu’une petite partie sous nos latitudes. Les nuages mais aussi les pollutions atmosphérique et lumineuse nous privent du grand spectacle. Ici les étoiles filantes se succèdent sur fond de voie lactée.
Malgré l’heure tardive quelques pick-up locaux circulent en direction de la plage, ils ne veulent pas manquer l'heure de la marée, sous peine de ne pas arriver à Nouakchott le jour même. Ils vont se positionner à Nouamghar et dès le premier signe du reflux s’élancer en rasant bien l’eau pour trouver le sable les plus porteur.
Le tas de branchage a disparu, le feu baisse d’intensité, des bouteilles et emballages vides traînent un peu partout. Ce n’est pas du goût de Gégé -Demain matin on laisse l’endroit nickel, il faudra en brûler le plus possible et le reste on l’enterre, compris ? Aucun écho ils sont fatigués et demain… on verra.
_________________ A quand le prochain départ?
|